PLATEFORMES COLLABORATIVES :
LES USAGERS PROTEGES
Covoiturage, auto-partage, hébergement, repas chez les hôtes, échanges de services, troc, achat en circuit court…. De plus en plus souvent dans notre vie quotidienne, les plateformes numériques collaboratives nous proposent leurs solutions. Mais quelles responsabilités ces entreprises ont-elles envers leurs clients ? Julie COMPLAIN (75)
Il est vrai que la consommation collaborative se généralise via les sites Internet, sans qu’on ne connaisse réellement le cadre législatif qui régit les relations entre internautes et plateformes numériques.
Commençons donc par définir ce dont nous parlons. Qu’est-ce qu’une plateforme numérique collaborative ? Pour le Conseil national du numérique « une plateforme est un service occupant une fonction d’intermédiaire dans l’accès aux informations, contenus, services ou biens édités ou fournis par des tiers […/…]. Elle organise et hiérarchise les contenus en vue de leur présentation et de leur mise en relation aux utilisateurs finaux ». Plus simplement, il s’agit d’un intermédiaire (site Internet) entre une personne qui propose un service ou bien (l’offreur) et une autre qui en a besoin (le demandeur). Il faut savoir qu’à ce jour, il n’existe aucun régime légal de responsabilité propre aux plateformes numériques collaboratives, mais que la question est à l’étude en France, ainsi qu’au niveau européen. Dans son rapport du 28 janvier 2016, le Conseil national de la consommation constate : « lorsqu’elles agissent en qualité d’hébergeurs de contenus numériques, les plateformes sont soumises à un régime de responsabilité allégé en vertu duquel elles peuvent se voir imposer l’obligation de vérifier si les biens et services mis en ligne correspondent aux annonces passées et à la prestation attendue […/…]. » les plateformes ont, en revanche, l’obligation de délivrer à leurs usagers une information « loyale, claire et transparente ».
Une assurance pour vaincre les réticences
Concrètement, en matière de responsabilité, les plateformes demandent systématiquement au nouvel usager d’accepter les conditions générales d’utilisation (CGU) du site. Ces CGU soulignent, le plus souvent, un grand nombre d’exclusions de responsabilité de l’entreprise. BlaBlaCar, par exemple, demande aux conducteurs d’être en règle en matière d’assurance, mais se dégage de toute responsabilité en cas d’accident ou de tout autre préjudice. Comme Airbnb, VizEat (repas chez l’habitant partout dans le monde) se dégage de toute responsabilité mais, pour offrir une parfaite tranquillité à ses « hôtes » et à ses « invités », adjoint à toute transaction une assurance supplémentaire gratuite. Pour Thierry Bensoussan, courtier en assurances spécialisé dans les start-up de consommation collaborative, l’assurance proposée par les plateformes à leurs clients à deux raisons principales : premièrement, rassurer les clients et lever leurs éventuelles résistances ; deuxièmement éviter que ceux-ci traitent entre eux sans passer par la plateforme une fois mis en contact. Dans les faits, ces assurances sont rarement activées, les préjudices étant heureusement rares.
Michèle BERZOSA
Indecosa-CGT - L'avis
Avant de vous lancer dans le partage de votre voiture, de votre maison ou de tout autre bien, la priorité consiste à vérifier vos propres contrats d’assurance. Etes-vous bien couvert(e) si vous prêtez votre voiture ou si vous recevez des inconnus moyennant une rétribution ? A l’inverse, si c’est vous qui allez chez l’habitant, votre responsabilité civile vous couvrira-t-elle si vous êtes à l’origine du dommage ? Ces nouveaux usages des biens posent de réelles questions aux assureurs, qui doivent adapter leur offre et répondre aux nouveaux besoins des consommateurs collaboratifs. Il est fort probable que votre responsabilité civile suffise à vous mettre à l’abri, mais il est plus prudent, néanmoins, de contacter votre assureur et de lui expliquer votre projet. Quant à la responsabilité de la plateforme, elle doit apparaître clairement dans les conditions générales d’utilisation accessibles sur son site. A lire avec attention !
Contact: indecosa@cgt.fr et www.indecosa.cgt.fr